vendredi 9 avril 2010

Décrypter le mouvement des piétons dans une foule

Dans la rue, comment se déplacent les piétons ? Comment interagissent-ils ? Une série d'études pour mieux comprendre les comportements collectifs des piétons en milieu urbain a été menée par des chercheurs du Centre de recherches sur la cognition animale (Université Toulouse 3 / CNRS), en collaboration avec l'Ecole polytechnique fédérale de Zürich. Publiés le 7 avril dans la revue PLoS ONE, leurs résultats établissent des modèles réalistes sur le déplacement des foules pour améliorer la gestion du trafic piétonnier.

Les mécanismes qui régissent le déplacement des foules demeurent pour l'essentiel méconnus. Pourtant, en milieu urbain, cette connaissance est indispensable à la gestion des flux piétonniers (confort de la marche, fluidité du trafic…). Ce manque d'information tient en partie à la difficulté d'étudier expérimentalement ces phénomènes et de construire des modèles quantitatifs qui puissent en rendre compte de manière fiable.

Par souci de simplification, la plupart des modèles actuels de déplacement de foule considèrent que les piétons se déplacent indépendamment les uns des autres, cherchant à rejoindre leur destination en évitant les collisions. A partir d'enregistrements vidéo réalisés en milieu urbain, l'équipe de Guy Theraulaz du Centre de recherche sur la cognition animale (Université Toulouse 3 / CNRS), en collaboration avec l'Ecole polytechnique fédérale de Zürich, a montré que, selon les situations, 50 à 70 % des piétons ne se déplacent pas isolément mais en petits groupes, le plus souvent constitués de deux à quatre personnes. L'étude de l'organisation spatiale des piétons au sein de ces groupes révèle que, lorsqu'ils ont suffisamment d'espace, les membres du groupe choisissent de marcher côte à côte. En revanche, lorsque la foule devient plus dense, le groupe n'a plus assez d'espace pour marcher de front : les piétons du milieu reculent légèrement et ceux placés sur les côtés se rapprochent les uns des autres, l'ensemble constituant une structure concave. Un groupe de trois personnes adopte une configuration en forme de «V». Avec quatre personnes, on observe une formation en «U». Ces configurations facilitent la communication entre les membres du groupe mais elles réduisent fortement leur vitesse de déplacement. En effet, une configuration concave rend difficile la progression vers l'avant du groupe et contraint les individus se déplaçant en sens opposé à opérer de fortes manœuvres d'évitement. A l'échelle d'une foule, cela modifie profondément les caractéristiques spatiales et temporelles des flux de piétons. Des simulations numériques réalisées sur la base de ces observations révèlent que la présence de groupes de piétons réduit l'efficacité globale du trafic d'environ 17% comparé à une situation dans laquelle les piétons se déplacent isolément.

Ce travail montre qu'il est important d'intégrer dans les modèles la composition très hétérogène des foules et la présence de groupes de piétons privilégiant leurs activités sociales au détriment de l'efficacité de leur déplacement. Ces nouvelles connaissances permettront d'améliorer la fiabilité des prévisions sur le trafic piétonnier en milieu urbain.
Vu sur http://www2.cnrs.fr/presse/communique/1852.htm
© CRCA - CNRS /Université Toulouse 3
Trajectoires de piétons se déplaçant sur la place du Capitole à Toulouse telles qu'elles apparaissent à l'issue du traitement des vidéos.

1 commentaire:

  1. J'ai l'impression que le groupe de 2 personnes, en centre-bas-gauche, avec les marques violettes, elles ont un peu picolé... ca avance pas droit !!!

    Est ce que ca marche aussi pour les avions de la patrouille de France ??

    Il y a aussi un truc 'achement important à prendre en compte, ommis dans la liste de paramètres essentiels : l'age des piétons.... ca avance pas aussi vite.

    Et puis je me demande, si ca fait pareil pour des Salers, dans un champ normand ???

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