mercredi 21 juillet 2010

Souris balèzes

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Parmi les graisses que nous consommons, les oméga-3 et les oméga-6 sont les plus médiatisés. Ce sont des acides gras insaturés, c'est-à-dire qu’ils possèdent des doubles-liaisons sur leur chaîne carbonée. Les oméga-3 et 6 se distinguent par la position de la double-liaison sur la chaîne : les oméga-3 possèdent une double-liaison en position 3 (entre les carbones 3 et 4), alors qu’elle fait intervenir le sixième (et septième) carbone dans le cas des oméga-6. Petite différence, mais qui a son importance !

Ces deux types d’acides gras se retrouvent naturellement dans la nourriture que nous consommons, en quantités différentes selon les aliments. Ainsi, l’acide linolénique (oméga-3 à chaîne carbonée de 18 carbones) est présent abondamment dans les poissons gras et dans les huiles de colza ou de noix. Il est nécessaire au bon fonctionnement cérébral. L’acide linoléique, représentant des oméga-6, est, quant à lui, présent dans les huiles de tournesol ou de maïs. Le maïs étant la base de l’alimentation animale, la consommation de viande et de produits laitiers nous apporte également de grandes quantités d’oméga-6. Ceux-ci ont un effet bénéfique sur le cholestérol sanguin.

Tous les deux essentiels à notre bien-être, ils doivent cependant être consommés en quantités adéquates. L’Afssa préconise de manger 5 oméga-6 pour 1 oméga-3. Pourtant, le ratio oméga-6/oméga-3 a tendance à augmenter ces dernières décennies : 18 en moyenne en France, il peut même atteindre 40 aux Etats-Unis. Ce déséquilibre, dû à de mauvaises habitudes alimentaires (trop de viande, trop peu de poisson), est suspecté d’être à l’origine de l’obésité. Des études, réalisées par des équipes du CNRS et de l’Inra, ont permis de déterminer l’effet de ce régime alimentaire occidentalisé sur l’obésité transgénérationnelle des souris.


Des modifications épigénétiques

Les chercheurs ont utilisé des souris, lesquelles ont été soumises à un régime normal, ou un régime déséquilibré en oméga (ratio oméga-6/oméga-3 égal à 28). La proportion de graisses apportée aux rongeurs (35% de l’énergie apportée sous forme de lipides) correspond à la quantité de lipides préconisée par l’Afssa pour l’homme. Ces souris ont été reproduites entre elles et les descendantes ont été soumises au même régime que leurs parents, et ce sur quatre générations. Les résultats ont été publiés dans Journal of Lipid Research.
Alors que les souris, nourries de manière équilibrée, ont maintenu un poids constant au fil des générations, celles ayant consommé le régime riche en oméga-6 ont progressivement augmenté leur masse adipeuse, de génération en génération. Cette prise de poids s'explique à la fois par une hyperplasie (augmentation du nombre de cellules) et une hypertrophie (augmentation de la taille des cellules) des cellules graisseuses. Les souris présentaient aussi une altération du niveau d’adipokine (cytokine sécrétée par les tissus adipeux), et une résistance à l’insuline, premier pas vers le diabète de type 2. L’expression de gènes de nature inflammatoire a aussi été stimulée.
Le régime riche en oméga-6 est donc bien impliqué dans le développement de l’obésité, mais le plus surprenant vient de l’observation de l’aggravation de celle-ci au fil des générations. C’est la première fois qu’un tel mécanisme est mis en évidence. L’obésité transgénérationnelle observée serait probablement due à des modifications épigénétiques, puisque le fond génétique est le même pour les deux lots de souris : les gènes, dont le fonctionnement est modifié par un apport graisseux inadéquat, conservent ces modifications, même lorsqu’ils sont transmis à la génération suivante, qui sera alors prédisposée à l’obésité.



Et surtout la photo, le plus intéressant :


Après quatre générations soumises au régime occidental, les souris ont pris du poids, et montraient des signes métaboliques dobésité. Crédits DR.

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